Objections.

Mesdames et messieurs les représentants de l’état, les élu-es locaux, 
Mesdames et messieurs les journalistes

Nous, collectif brestois pour l’autonomie des luttes, soulevons quelques objections concernant votre étalage récent en place publique de l’affaire dite de Pontanezen. Nous la nommerons ainsi.

Notre première objection concerne la quantité d’information traitée. En effet, pendant 2 semaines et la dite affaire, pas un jour n’est passé sans un rappel dans la presse. Parfois, même, plusieurs pages entières lui sont consacrées dans les médias locaux. Tout se passe comme si, pour contre-balancer l’invisibilisation habituellement accordée à ce quartier, les cracheurs de papier décidaient de rattraper leur retard. Pontanezen par ci, Pontanezen par là. Jusqu’à l’indigestion.
Peut être que l’orée des futures présidentielles n’est pas étrangère à ce regain d’intérêt.
Peut être que la volonté de l’état de toujours plus « sécuriser » l’espace public en est une autre explication.
Oh, quelle belle occasion de vanter ici la nécessité des caméras de vidéo surveill… protection, des paniers à salade et de racistes en tenue de policiers ! Oh quelle belle occasion de permettre à Brest de rattraper son « retard » en la matière comparé aux autres « métropoles » ! Oh quelle belle occasion ici de porter enfin le débat de la sécurité, et de son corollaire, l’insécurité, à la pointe bretonne, elle qui manquait cruellement d’affaire croustillante à se mettre sous la dent !

Notre deuxième objection sera celle du contenu. D’abord s’offusquer de la situation. Calquer des étiquettes : dealers, délinquants. Marteler le message. Stigmatiser. Remarteler le message. Drogue, trafic. 
Ce déversement d’immondes images, les préfets en sont à la tête, les maires le véhiculent, les policiers en feront leur affaire, l’électeur.rice moyen.ne en sera convaincu.e. Le tour de passe-passe opère.
Puis ajouter un peu de nuance, permettre quelques pages de débat contradictoire, quelques jours plus tard : un peu de social, un peu de gaieté. Mais tout de suite reprendre la marche en avant de la création de l’opinion. D’ailleurs l’opinion semble le vouloir. Regardez, même des énergumènes se revendiquant bergers créent des pétitions pour virer des habitant.e.s du quartier. Évidemment, il faut leur donner la parole, puisque c’est la voix du peuple, et que nous sommes, l’état le dit, en démocratie. 
Cette récupération médiatique nourrit, sous couvert de démocratie et de pluralisme, tous les discours haineux que ce soit des commentateur.ice.s compulsif.ve.s, des représentant.e.s politiques, médiatiques, ou de la fachosphère.

Notre troisième objection concerne celle du fond. Au fond, quel fond à cette affaire ? Quid de la précarité ? Quid des questions sociales ? Quid de la paupérisation ? Quid du racisme d’état ? Quid de l’exclusion des minorités ? Quid de l’incorporation au schéma économique mondial du trafic de drogue ? Quid des luttes quotidiennes dans les quartiers délaissés ? Quid des rapports de dominations capitalistes ? 
Ah, ben non en fait, on repassera a priori. Puisqu’a priori, comme le tram passe à Ponta, tout ça n’existe plus. La blague.

Enfin, avec de tels propos, il semble que la merde attire la merde. Ainsi les désastres de la sociale démocratie bourgeoise aux relents catholiques vieillis semblent attirer à elle les catastrophes xénophobes de l’extrême droite. Marine pointe le bout de son nez à Brest avec le soutien du préfet et de ses sbires armés. C’est qu’ils s’apprécient bien celleux là. C’était notre quatrième objection.

Donc mesdames et messieurs les représentant.e.s de l’état.
Mesdames et messieurs les journalistes.
Nous ne vous disons pas merci pour cette mauvaise pièce de théâtre qui, nous l’espérons, n’aura pas fait salle comble.

En l’attente de ne plus vous lire.

Ci-joint le Communiqué de presse : Droit de réponse des jeunes du quartier de Pontanezen