ÉCRAN DE FUMÉE

  • mars 23, 2022 10:31


Objections.

Mesdames et messieurs les représentants de l’état, les élu-es locaux, 
Mesdames et messieurs les journalistes

Nous, collectif brestois pour l’autonomie des luttes, soulevons quelques objections concernant votre étalage récent en place publique de l’affaire dite de Pontanezen. Nous la nommerons ainsi.

Notre première objection concerne la quantité d’information traitée. En effet, pendant 2 semaines et la dite affaire, pas un jour n’est passé sans un rappel dans la presse. Parfois, même, plusieurs pages entières lui sont consacrées dans les médias locaux. Tout se passe comme si, pour contre-balancer l’invisibilisation habituellement accordée à ce quartier, les cracheurs de papier décidaient de rattraper leur retard. Pontanezen par ci, Pontanezen par là. Jusqu’à l’indigestion.
Peut être que l’orée des futures présidentielles n’est pas étrangère à ce regain d’intérêt.
Peut être que la volonté de l’état de toujours plus « sécuriser » l’espace public en est une autre explication.
Oh, quelle belle occasion de vanter ici la nécessité des caméras de vidéo surveill… protection, des paniers à salade et de racistes en tenue de policiers ! Oh quelle belle occasion de permettre à Brest de rattraper son « retard » en la matière comparé aux autres « métropoles » ! Oh quelle belle occasion ici de porter enfin le débat de la sécurité, et de son corollaire, l’insécurité, à la pointe bretonne, elle qui manquait cruellement d’affaire croustillante à se mettre sous la dent !

Notre deuxième objection sera celle du contenu. D’abord s’offusquer de la situation. Calquer des étiquettes : dealers, délinquants. Marteler le message. Stigmatiser. Remarteler le message. Drogue, trafic. 
Ce déversement d’immondes images, les préfets en sont à la tête, les maires le véhiculent, les policiers en feront leur affaire, l’électeur.rice moyen.ne en sera convaincu.e. Le tour de passe-passe opère.
Puis ajouter un peu de nuance, permettre quelques pages de débat contradictoire, quelques jours plus tard : un peu de social, un peu de gaieté. Mais tout de suite reprendre la marche en avant de la création de l’opinion. D’ailleurs l’opinion semble le vouloir. Regardez, même des énergumènes se revendiquant bergers créent des pétitions pour virer des habitant.e.s du quartier. Évidemment, il faut leur donner la parole, puisque c’est la voix du peuple, et que nous sommes, l’état le dit, en démocratie. 
Cette récupération médiatique nourrit, sous couvert de démocratie et de pluralisme, tous les discours haineux que ce soit des commentateur.ice.s compulsif.ve.s, des représentant.e.s politiques, médiatiques, ou de la fachosphère.

Notre troisième objection concerne celle du fond. Au fond, quel fond à cette affaire ? Quid de la précarité ? Quid des questions sociales ? Quid de la paupérisation ? Quid du racisme d’état ? Quid de l’exclusion des minorités ? Quid de l’incorporation au schéma économique mondial du trafic de drogue ? Quid des luttes quotidiennes dans les quartiers délaissés ? Quid des rapports de dominations capitalistes ? 
Ah, ben non en fait, on repassera a priori. Puisqu’a priori, comme le tram passe à Ponta, tout ça n’existe plus. La blague.

Enfin, avec de tels propos, il semble que la merde attire la merde. Ainsi les désastres de la sociale démocratie bourgeoise aux relents catholiques vieillis semblent attirer à elle les catastrophes xénophobes de l’extrême droite. Marine pointe le bout de son nez à Brest avec le soutien du préfet et de ses sbires armés. C’est qu’ils s’apprécient bien celleux là. C’était notre quatrième objection.

Donc mesdames et messieurs les représentant.e.s de l’état.
Mesdames et messieurs les journalistes.
Nous ne vous disons pas merci pour cette mauvaise pièce de théâtre qui, nous l’espérons, n’aura pas fait salle comble.

En l’attente de ne plus vous lire.

Ci-joint le Communiqué de presse : Droit de réponse des jeunes du quartier de Pontanezen

Fondation de Kabal

  • octobre 21, 2021 17:21
Dès l’annonce de Macron le 12 juillet de l’obligation du passe sanitaire et du passage en force des réformes de l’assurance-chômage et des retraites, quelques-un.e.s d’entre nous ont participé aux manifs du samedi.
Ces mesures gouvernementales lient le contrôle social et les régressions économiques et sociales. C’est pour contrer ces logiques que nous nous sommes très vite retrouvés à plusieurs personnes en lutte : chômeur.euse.s et précaires, bibliothécaires, personnels de santé, salarié.e.s de bar, intermittent.e.s, usager.ère.s des services publics… Notre présence dans les manifs du samedi était aussi motivée par le fait de ne pas laisser la place libre aux individus et groupes d’extrême-droite qui surfent sur les thèses complotistes.
Ces rencontres ont construit une mobilisation conjointe lors des initiatives prises dans les différents secteurs :
  • participation aux pique-niques des bibliothécaires en grève contre l’application du passe et pour de meilleures conditions de travail chaque mercredi
  • lancement d’une mobilisation contre l’application de la contre-réforme de l’assurance-chômage
  • mise en place de caisses de lutte et de grève toutes les semaines lors des manifestations réunions hebdomadaires.
Si, il y a un an, la loi sécurité globale mobilisait dans les rues brestoises, aujourd’hui, l’extension des politiques sécuritaires et nationalistes (états d’urgence, couvre-feu, passe sanitaire, décrets de fichage, loi séparatisme, SNU, loi Collomb, etc) ne rencontre plus vraiment d’opposition unitaire. L’empilement de ces lois n’a jamais connu de recul et est en roue libre depuis les états d’urgence sécuritaire et sanitaire.
Jusqu’à peu, la répression avait d’importantes limitations pratiques, ce qui expliquait pourquoi elle était centrée sur des cas précis (sans-papiers, personnes en exil, quartiers populaires) sans être systématiquement déployée. Désormais la répression s’étend à l’ensemble de la population sur l’ensemble du territoire, et chacun.e est sommé.e de devenir l’agent.e de ces mesures.
Ces lois ont aussi servi les casses sociale, écologique et culturelle. Elles sont le bras armé des mesures anti-sociales néo-libérales (réformes de l’assurance chômage, des retraites, lois travail, inflation énergétique, saccage de l’école de la fac et de l’apprentissage, loi Ségur sur l’hôpital, etc). Comme partout et toujours, ce sont les salarié.e.s, les précaires, les chômeur.euse.s, les jeunes et les retraité.e.s qui en pâtissent.
Nous n’avons pas attendu le 5 octobre pour entamer des mobilisations. Notre volonté est de les renforcer dans les semaines à venir. A cette fin, nous avons voulu formaliser l’existence du Collectif brestois pour l’autonomie des luttes (KBAL) qui soit un lieu d’échange des différentes luttes pour briser leur isolement.